J’ai beaucoup hésité avant de me mettre à écrire un billet sur le massacre de Charlie Hebdo. Parce que je ne suis ni journaliste, ni dessinateur et je ne me sens pas vraiment légitime pour en parler.
Mais j’écris, depuis toujours, je griffonne, aussi. Même si ce n’est pas fou, parfois désuet ou désorganisé. Je pense que ça justifie assez le fait d’en parler.

J’avoue, je suis beaucoup plus intéressé par la culture pop/geek que par l’actu. Je ne lis pas la presse parce que ça parle de trucs de « grandes personnes », que j’y comprends pas grand-chose, que je ne m’y intéresse pas. Je suis pas non plus partisan des grandes causes.
Charlie Hebdo, ça reste un des seuls journaux que je lisais, même rarement, peut-être deux ou trois fois dans l’année, mais j’y prenais plaisir. Et je suis aussi un grand fan de Maurice et Patapon de Charb, qui se retrouvent aujourd’hui orphelins.
Ce que j’ai ressenti, j’arrive pas trop à l’expliquer. Un crayon dans le cœur. Je pense que c’est vraiment ça. Et il est bloqué, j’arrive pas à le déloger. Je suis toujours vraiment abasourdi par ce massacre. Tuer pour un dessin, je comprends pas.
Ce que je ressens maintenant, c’est de l’incompréhension, de l’effroi, et surtout de la tristesse. Alors que je suis pas super sensible à tout ça en temps normal.
J’ai lu de très bons articles sur internet, vu des vidéos qui retranscrivent mon état d’esprit comme celle un peu plus bas, mais aussi vu énormément d’horreurs. Des gens bas-de-plafond, dans l’impossibilité de prendre du recul et de se poser les bonnes questions.
Les mecs de Charlie Hebdo, ils ont eu des couilles. Des locaux incendiés, des menaces de mort quotidiennes, une protection rapprochée pour éviter les débordements. Et ils ont jamais cédé, jamais baissé les bras. C’est ça, le vrai courage. Beaucoup auraient abandonné. Ils se sont battus pour ce concept que je pensais acquis : la liberté d’expression.
Charlie Hebdo, ce sont de vrais défenseurs de la liberté. Messieurs, bravo. Bravo pour votre comportement, votre attitude, votre persévérance. On ne vous oubliera pas. Je vous applaudis bien fort d’être partis dignes, heureux, entiers.
Les super-héros ne sont que fiction, les vrais héros sont bel et bien réels.
Je tiens aussi à souligner que ce massacre n’a pas inspiré que les Français. J’ai énormément de contacts Facebook dans les comics, et beaucoup d’entre eux, dessinateurs, scénaristes, ARTISTES, ont posté une photo de leur #WeaponOfChoice : des stylos, des crayons, des feutres. Si la créativité est un pouvoir, le crayon en est la meilleure arme. Parmi eux : J. Scott Campbell, Arthur Adams, Adam Hughes, Frank Cho, Alé Garza, Mike Mignola, J.G. Jones ou Jim Mahfood.

Je le dis : Je ne suis pas Charlie. Parce que je n’aurai jamais le courage de ces hommes.
Enfin, j’adresse une pensée émue toute particulière à mon confrère Simon Fieschi, Community Manager de Charlie Hebdo aujourd’hui plongé dans le coma. Même si j’aime à dire « je suis CM, je sauve pas le monde », je reconnais volontiers que d’autres s’efforcent de le faire.
Aux 12 Grands Hommes (et aux victimes collatérales) décédés en ce mercredi 7 janvier : reposez en paix, c’est un repos mérité.
Tim.